Message de Bettina Egger
La première pensée qui me vient à l'esprit à la lecture de votre texte, en tant qu'Autrichienne, est que le délit de blasphème est
en effet inscrit dans la constitution de mon pays natal (avec des peines allant de 6 moins à 2 ans d'emprisonnement suivant la nature du délit). Suite aux attentats contre Charlie Hebdo, plusieurs
groupes revendiquant l'abolition de ce paragraphe s'étaient constitués, mais sans succès jusque-là. Dans les faits, les caricatures de Charlie n'auraient jamais pu être publiées en Autriche (et
dans de nombreux autres pays européens avec une constitution d'orientation laïque "ouverte"). J'ai toujours eu une admiration pour le concept de laïcité républicaine à la française, qui hélas est
bien unique en Europe et qui doit être défendu. Beaucoup de gens de différents pays d'Europe et au-delà avec que j'ai entendu parler, après une première vague de compassion offusquée, ont revu leur
position sur les attentats contre Charlie, modérant leur propos et soulignant la soi-disant intolérance, voire le "racisme" des caricatures. Le fait de l'institutionnalisation du délit de blasphème
brime la pensée sans aucun doute.
D'autre part, une position qui me paraissait intéressante dans le débat est celle de Noam Chomsky, qui a mis dans un article en parallèle les événement de janvier, sans
amoindrir leur caractère violent bien sûr, avec la destruction d'une chaîne de télévision serbe par les forces militaires américaines en 1999 (http://www.chomsky.info/articles/20150110.htm), un
événement d'une atrocité comparable et qui n'avait pas dépassé le statut de dépêche perdu dans les pages des journaux.
Je tâcherai également de me procurer le livre de F. Cousinié, il a vraiment l'air
intéressant.